Bienvenue sur le site de l'Institut Baulieu

[Tribune] EE Baulieu prend la parole dans le Huffington Post

 

 » Dans ma vie de médecin qui fait de la science, je ressens une nouvelle fois l’excitation d’espérer par mon travail soulager une des plaies de la vie de mes contemporains. La première fois, il s’agissait des grossesses non désirées, et mon outil était issu de mon travail sur les hormones.

Cette fois il s’agit d’une sorte d’épidémie qui gâche le bonheur de l’allongement de la durée de la vie : les démences séniles de type Alzheimer. Mon outil est issu de mon travail sur les « neurostéroïdes » et sur les microtubules, de minuscules canaux dans les neurones cérébraux. Et nous publions, mon équipe et moi-même, un travail qui marque, je le crois, un tournant dans le combat contre ces maladies.

Notre stratégie scientifique est unique : nous faisons partie des minoritaires (quelques labos dans le monde) qui ciblent « l’autre » anomalie du cerveau de ces malades : la protéine TAU et ses « buissons », et pas la protéine Amyloïde Aβ et ses « plaques ». Le Dr Alzheimer avait dès 1912 décrit les deux anomalies, mais TAU n’est véritablement étudié que depuis les années 80.

Notre tactique est empirique : notre arme s’appelle FKBP52, c’est une protéine découverte et clonée dans mon laboratoire il y a 20 ans, abondante dans le cerveau. Nous étudiions, avec toute mon équipe et en particulier Béatrice Chambraud, ses propriétés et ses possibles fonctions, quand nous avons découvert et publié** son interaction avec TAU, interaction d’autant plus forte que TAU est malade car elle est alors « hyperphosphorylée », caractéristique d’Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives.

Nos espoirs sont de plus en plus fondés : nous publions* que chez l’homme, dans le cerveau, FKBP52, est un marqueur biologique de la maladie, une clé nouvelle pour agir.

Notre travail relaté dans le Journal of Alzheimer’s Disease, indique que les personnes décédées de ces maladies, dites Tauopathies, ont un niveau de FKBP52 effondré par rapport aux personnes du même âge mortes d’autre maladie.

Notre perspective est de pouvoir demain, grâce à cette arme inédite que constitue FKBP52, prévoir le risque de la maladie, prévenir les dégâts de perte de repères et de dépendance qu’elle engendre, et stopper l’évolution de la maladie chez les personnes déjà atteintes.

Pour prévoir le risque de maladie, il faut mettre au point un test afin de doser FKBP52 chez les personnes qui n’ont pas encore de symptôme, et évaluer si elles sont menacées de développer ces maladies du fait d’une anomalie de FKBP52. Puis, le cas échéant, moduler leur propre FKBP52 pour se protéger. Pour les malades, réguler FKBP52 éviterait aggravation et pertes de leurs capacités cognitives élémentaires.

Il s’agit d’une vraie piste de recherches, d’une sorte de « pari scientifique » dont les travaux d’exploration donnent des résultats qui m’impressionnent par leur rapidité et leur force.
Mais pour les mener à terme il ya encore plusieurs étapes qui sont chacune des suspenses, des interrogations : les doses thérapeutiques seront-elles linéaires, est ce purement quantitatif, y aura-t-il des différences selon l’âge, le sexe et les conditions de vie, y aura-t-il des effets secondaires… ? La réponse à ces questions c’est du travail scientifique, des expériences à imaginer et à conduire, des équipes de chercheurs à mobiliser, dans mon laboratoire et à l’étranger.

Nos expériences supposent des modèles animaux (nous travaillons sur les souris et les poissons-zèbres), des études de résonance magnétique nucléaire, des mesures de FKBP52 à vaste échelle, pour établir des normes, et enfin chercher les régulateurs adaptés de FKBP52.

Pour ce programme l’argent public est très rare, celui des laboratoires pharmaceutiques ne va que vers des molécules qu’ils peuvent créer pour protéger leurs droits de propriété et leurs revenus alors que ni notre FKBP52 naturel et endogène ni ses modulateurs ne les ont intéressés. Ne restent que
les ressources de la philanthropie, les dons des particuliers et des entreprises. Je rends hommage à ceux qui m’ont aidé et ont permis ce travail. J’appelle les futurs donateurs à aider ces recherches qui peuvent s’avérer cruciales pour le jour où eux même prendront de l’âge. Soyez égoïstes en étant généreux (lien vers l’appel aux dons sur le site de l’Institut Baulieu) ! »

Retrouvez l’article sur le site du Huffington Post.

Le site de l’institut Baulieu
L’annonce officielle de ce travail aura lieu mardi 24 janvier à 11h à l’Académie des Sciences.

*Journal of Alzheimer’s Disease 30 (2012) 1-13
Decrease of the Immunophilin FKBP52 Accumulation in Human Brains of Alzheimer’s Disease and FTDP-17
Julien Giustiniani, Marlene Sineus, Elodie Sardin, Omar Dounane, Maï Panchal, Véronique Sazdovitch, Charles Duyckaerts, Béatrice Chambraud, and Etienne-Emile Baulieu.

** Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA 107 (2010) 2658 – 63
A Role for FKBP52 in Tau Protein Function
Béatrice Chambraud, Elodie Sardin, Julien Giustiniani, Omar Dounane, Michael Schumacher, Michel Goedert and Etienne-Emile Baulieu.

Laissez un commentaire

You must be logged in to post a comment.

  • jordan retro 11
  • Jordan Retro 13
  • Jordan Retro 4
  • retro 11 jordans