Le Pr. Etienne-Emile Baulieu, un pionnier de la recherche hormonale
Des découvertes hors normes
Une approche révolutionnaire de la maladie d’Alzheimer
Prix et distinctions
Le Pr. Etienne-Emile Baulieu, un pionnier de la recherche hormonale
Étienne-Émile Baulieu est né le 12 décembre 1926 à Strasbourg, sous le patronyme Étienne Blum. Il est le fils du Professeur Léon Blum, néphrologue et diabétologue. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il entre dans la Résistance en 1942 à Grenoble au sein du Front Patriotique de la Jeunesse. Menacé d’arrestation, il se réfugie à Annecy où il prend le nom d’Emile Baulieu en 1943. En décembre 44 il s’incrit à la Faculté des Sciences puis à la Faculté de Médecine, sous le nom d’Etienne-Emile Baulieu.
Il est à la fois médecin (docteur en médecine (1955)) et scientifique (docteur ès sciences (1963)). Ancien interne des Hôpitaux de Paris, chef de Clinique à la Faculté, il devient Professeur Agrégé en 1958. Il fonde à l’Inserm l’unité 33 de recherche sur le métabolisme moléculaire et la physiopathologie des stéroïdes, qu’il a dirigée de 1963 à 1997. Le Pr. Baulieu enseigne la biochimie à l’Université Paris 11 de 1970 à 1993.
Professeur au Collège de France, il a occupé la chaire « Fondements et principes de la reproduction humaine » de 1993 à 1997. Il a présidé l’Académie des sciences en 2003-2004 après en avoir été élu membre en 1982. Il a été également membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé de 1996 à 2002.
Médecin, endocrinologue et biochimiste, le Pr. Etienne-Emile Baulieu a consacré la plupart de ses travaux aux hormones stéroïdes et à leurs antagonistes dans la reproduction, le vieillissement, les cancers et le système nerveux.
Des découvertes hors normes
Il découvre la sécrétion de la DHEA sous forme de sulfate par les glandes surrénales chez l’homme. Cette publication lui vaut d’être invité aux USA par le Pr Seymour Liberman (Columbia University New York). Il rencontrera Gregory Pincus, le père de la pilule, qui le soutiendra pour le faire nommer à l’OMS et lui faire attribuer des subventions de la Fondation Ford pour ses recherches.
La pilule abortive, une révolution dans la maîtrise par les femmes de leur fécondité
Le Pr. Etienne-Emile Baulieu est mondialement connu et reconnu pour son invention de la pilule abortive et pilule « du lendemain ». C’est en 1982 qu’il conçoit l’anti-progestérone RU 486, dont les propriétés révolutionnent la vie de millions de femmes à travers le monde.
Le Professeur Baulieu en présenta les premiers résultats en 1982 devant l’Académie des sciences. La publication des premiers résultats montre que le produit administré aux doses prévues est sûr, sans danger, et efficace. Ceci ne fait qu’enfler la polémique sur une facilitation de l’IVG qui évite aux femmes la chirurgie invasive, mais présente aussi l’avantage économique d’éviter une intervention en milieu hospitalier et l’avantage psychologique de la discrétion d’une décision prise par la femme seule.
La pilule RU 486 tire son nom des lettres RU, acronyme du laboratoire Roussel-Uclaf qui l’a mise sur le marché, et les trois chiffres 4-8-6 (numéro d’ordre de la synthèse de la molécule). Devant les oppositions religieuses et politique de la fin des années 1980, le laboratoire Roussel-Uclaf renonce en 1988 à l’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) qu’elle venait d’obtenir pour le RU486. Il fallut l’intervention personnelle du Ministre de la Santé de l’époque, Claude Évin, affirmant que : « Le RU est la propriété morale des femmes », et proposant de le confier à un autre laboratoire, pour que Roussel-Uclaf décide finalement d’assumer et d’exploiter son produit.
La lutte contre le vieillissement
Le combat en faveur du RU 486 achevé, le professeur Baulieu reprend ses travaux sur la DHEA, dont il avait décrit la sécrétion de la DHEA par les glandes surrénales. Il analyse son métabolisme et ses fonctions, notamment sur certains aspects du vieillissement. Il lance une vaste étude baptisée «DHEâge » : son but est de mieux connaître l’action facilitatrice et bénéfique de la DHEA contre le vieillissement pour mieux l’utiliser.
Soigner les dépressions
La dépression est la maladie la plus fréquente au monde. Or la moitié seulement des cas sont améliorés par les anti-dépresseurs et rien de nouveau n’existe depuis les années 1990.
Là encore, le Professeur Baulieu a imaginé un mode d’action original, qui ne porte pas sur la recapture de la sérotonine mais sur la réparation des micro-tubules. Il a mis au point un composé original qui rétablit la plasticité des neurones.
L’étude chez l’homme est en cours dans un essai clinique de phase II qui se déroule jusqu’en juin 2023 dans une dizaine de CHU ainsi qu’à l’APHP.
Une approche révolutionnaire de la maladie d’Alzheimer
Depuis près de quatre ans, le Pr. Etienne-Emile Baulieu et son équipe INSERM (UMR788) travaillent sur une approche originale pour mieux comprendre, prévenir et traiter la maladie d’Alzheimer et d’autres démences séniles. En janvier 2010, le Pr. Etienne-Emile Baulieu et ses équipes effectuent une percée concernant les maladies neuro-dégénératives responsables de conditions de dépendance douloureuse des personnes âgées.
Ils choisissent comme cible non pas les plaques amyloïdes mais les « buissons » que forme la protéine TAU hyperphosphorylée à l’intérieur des neurones. Ils mettent en évidence l’interaction entre la protéine Tau et la protéine FKBP52. Cette protéine avait été découverte par le Pr. Baulieu en 1992 sans qu’il en connaisse à l’époque tout le potentiel. Il démontre que FKBP52 est susceptible de diminuer de façon décisive l’action toxique des formes pathologiques de la protéine Tau : un véritable effet « anti-Tau ». Ce travail fait l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue américaine PNAS en janvier 2010.
Cette découverte ouvre la voie à des traitements précoces qui pourraient enrayer les maladies neuro-dégénératives du cerveau telles qu’Alzheimer. Les premiers résultats publiés début 2012 confirment tous l’hypothèse de base publiée au début de 2010.
Pour plus d’informations sur les recherches du Professeur Baulieu, consulter la rubrique Une approche révolutionnaire.
Prix et distinctions
Distinctions
Membre de l’Académie des sciences de l’Institut de France (1980) – Président (2003-2004)
Membre associé étranger de la National Academy of Sciences of the USA (depuis 1990)
Grand-croix de la Légion d’Honneur (2023)
Grand-croix de l’ordre national du Mérite (2015)
Membre de l’Académie nationale de médecine (depuis 2002)
Prix
Prix Reichstein de la Société internationale d’endocrinologie (1972)
Grand Prix Scientifique de la Ville de Paris (1974)
Prix Roussel (1976)
Gregory Pincus Memorial Award (États-Unis, 1978)
First European Medalist de la Society of Endocrinology (Royaume Uni, 1987)
A. and E. Wippman Scientific Research Award (États-Unis, 1989)
Alan Guttmacher Award (États-Unis, 1989)
Albert and Mary Lasker Clinical Research Award (États-Unis, 1989)
Golden Plate de l’American Academy of Achievement (1990)
Premio Minerva (Rome, 1990)
Honorary Degree, Tufts University (États-Unis, 1991)
Docteur Honoris Causa de l’Université de Gand (Belgique, 1991)
Christopher Colombus Discovery Award in Biomedical Research (ville de Gênes et National Institutes of Health, 1992)
National Award de l’American Association for Clinical Chemistry (1992)
Joseph Bolivar DeLee Humanitarian Award (États-Unis, 1994)
Grand Prix de la Fondation pour la Recherche Médicale (1994)
Docteur Honoris Causa du Karolinska Institutet (Suède, 1994)
Membre émérite de l’Academia Europaea (1997)
Ken Myer Medal (Australie, 2000)
International Academy of Humanism Laureate (2002)
The Charles H. Sawyer Distinguished Lecture (États-Unis, 2003)
Prix d’Honneur de l’Inserm (2015)
Grand Prix de la laïcité (2016)